Les changements d'humeur

La personne malade vit le plus souvent dans l'angoisse et dans l'incertitude. Son comportement se transforme. Ses réactions sont bizarres, excessives ou violentes. Elles semblent inexplicables, elles ont en fait un sens et une raison d'être. Cette section vous donnera des informations sur les changements d'humeur de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer tels que :

Agitation et nervosité

La colère

L'angoisse et la peur

Les indications données dans cette section ne doivent pas être considérées comme des recettes grâce auxquelles tous les problèmes disparaîtront. Mais si un conseil est inefficace dans votre cas ou pour la personne dont vous prenez soin, il peut tout de même vous guider et vous inspirer une idée.

Nous choisissons ici d'approfondir les sujets de l'agitation, de la colère et de l'angoisse, ceci pour de simples questions de place. Cependant, d'autres changements d'humeur existent, notamment:

L'apathie, les émotions extrêmes, la dépression la frustration, les hallucinations et délires, les réactions extrêmes.
et pour ceux-ci, nous vous invitons à consulter directement le site Alzheimer-europe.org, et plus précisément le chapitre "conseils pour les aidants"

Agitation et nervosité

« Ma mère arpentait le séjour, elle remettait les coussins en place, elle déplaçait les objets, ouvrait et fermait les tiroirs du buffet. Mon épouse était à bout de nerfs. Alors j'ai eu une idée. Je suis monté, et j'ai sorti toutes les serviettes propres de l'armoire. J'ai rapporté les serviettes défaites à ma mère et je lui ai demandé de les plier, en prétextant que mon épouse et moi-même n'en avions pas le temps. Elle a commencé tout de suite et petit à petit son agitation a diminué. »

Lorsqu'elles sont agitées et nerveuses, les personnes malades ne tiennent pas en place et sont irritables. Elles peuvent arpenter les pièces ou courir à travers la maison en manipulant toutes sortes d'objets, en déplaçant des ustensiles de cuisine, en changeant la disposition des meubles, en ouvrant tous les robinets. Ce comportement est lié aux atteintes cérébrales et non à quelque chose qui est arrivé ou que vous avez fait. Mais vous pouvez être mal à l'aise et pareillement nerveux, ainsi que les autres membres de la famille. Face à un comportement agité ou à une grande nervosité, gardez votre calme et transmettez-le à la personne malade.

Faire face à l'agitation et à la nervosité
Lorsqu'une personne malade est agitée ou nerveuse, n'essayez pas de la retenir ou de l'immobiliser. Dans ces moments-là, une personne peut faire preuve d'une force extraordinaire. En vous prenant par le bras, elle peut déjà vous faire très mal. Laissez-lui beaucoup d'espace libre, parlez-lui doucement et d'une voix calme. Voyez d'abord si quelque chose lui fait mal, par exemple un caillou dans une chaussure. Parfois, il suffit de lui donner un objet à manipuler, comme un mouchoir, ou de lui suggérer une activité utile, comme l'épluchage des pommes de terre. Pour la calmer, pensez à lui donner à boire, dans un gobelet incassable. Ne vous faites pas de reproches. Le plus souvent, votre attitude n'est pas en cause dans la nervosité ou dans l'agitation de la personne malade.

Prévenir l'agitation et la nervosité
Vous obtiendrez peut-être des résultats en réduisant la consommation de thé, de café et de chocolat chaud, boissons excitantes, sauf indication contraire bien sûr. Vous veillerez également à préserver un environnement apaisant, en évitant une surcharge d'activités, l'excès de bruit, des changements inutiles, la présence d'un trop grand nombre de personnes à la fois, etc. Si l'agitation revient régulièrement, ou si la personne devient très agitée, le médecin pourra toujours lui prescrire des médicaments, mais les effets secondaires ne sont pas exclus.

Colère

« En entendant des voix exaspérées dans la cuisine, je suis allée voir ce qui pouvait bien se passer.Je suis arrivée juste à temps pour voir ma petite-fille s'en aller en claquant la porte derrière elle et en criant : « J'en ai assez. Je rentre chez moi ». Mon mari criait quelque chose à mon intention, mais je n'ai pas réussi à le comprendre tout à fait, et il s'est rendu dans le séjour en affichant un air fâché. J'ai vu alors un carton sur l'armoire : la partie supérieure était à moitié arrachée, et le sol baignait dans le lait. J'ai nettoyé la cuisine et je suis retournée dans le séjour, où j'ai été accueillie par un charmant sourire de mon mari. »

Lorsqu'elle se met en colère, la personne atteinte de maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée peut se mettre à crier et à lancer des objets avec violence, ce qui pour vous est très inquiétant. Vous serez triste et blessé face à ce qui ressemble à un changement du caractère de la personne. En plus, les accès de colère provoquent des perturbations dans l'entourage. Les enfants risquent de s'en sentir responsables. Souvent, ces accès de colère paraissent déplacés et disproportionnés, réaction trop vive face à un incident plutôt mineur. Pourtant la colère offre à la personne malade un moyen à sa portée pour s'affirmer et s'exprimer. Elle se fâche sans doute parce qu'elle a eu à demander votre aide pour ce qu'elle avait l'habitude de faire toute seule. Si la cause de l'incident vous reste cachée, vous pouvez intervenir pour diminuer la fréquence des accès de colère.

Faire face à la colère
Il vous sera probablement difficile de rester calme et de ne pas vous sentir visé. Certains s'efforcent de compter jusqu'à dix avant de réagir. Mais surtout, rappelez-vous que l'accès de colère est très probablement une conséquence de la maladie. La personne redevient très souvent aimable et affectueuse quelques instants plus tard, soit par oubli, soit par un changement d'humeur. Si vous réussissez donc à distraire la personne malade, elle oubliera sa colère. Ne la contrariez pas, ne la prenez pas de front, n'alimentez pas sa colère : elle a besoin pour son amour-propre que son comportement lui semble justifié. La personne demeure pourtant responsable de ses actes, vous avez le droit de marquer des limites à ne pas dépasser.

Prévenir la colère
Cherchez ce qui a pu déclencher de l'irritation, afin de l'éviter à l'avenir Parfois on découvrira ce qui a provoqué la colère en réfléchissant à ce qui s'est passé avant l'incident. Par exemple, ne rangez pas tout en passant derrière la personne ou ne la critiquez pas. Elle a besoin d'être encouragée et non pas déstabilisée. Elle supporte mal d'avoir à attendre, chez le médecin ou dans les magasins. Prenez garde que son impatience ne tourne à la colère. Si l'irritation semble venir d'un sentiment d'échec, adaptez l'activité en cours. Apportez de l'aide et évitez le retour de la même situation.

N'intervenez pas inutilement et n'exagérez pas l'importance de menus détails
Si la personne malade se comporte de façon un peu étrange, vous serez tenté de l'arrêter et de reprendre vous-même les choses en main pour continuer de la façon que vous jugez correcte. C'est probablement superflu, et votre intervention risque de se terminer par un accès de colère. Par exemple, une dame continue à mettre la table tous les jours pour six personnes, comme autrefois quand les enfants étaient là. Pourquoi s'en irriter ? Est-il nécessaire de débarrasser aussitôt les couverts en trop ?

Évitez de prendre un air supérieur ou un ton autoritaire
Sans vous en rendre compte, vous pouvez adopter un air protecteur et supérieur ou un ton autoritaire. La personne malade interprétera mal des instructions ou des suggestions utiles et y verra des reproches ou une volonté de la traiter comme un enfant. Ce qui serait acceptable pour d'autres, la personne malade le rejettera. À cause de ses propres problèmes et de son état de dépendance, elle est particulièrement sensible. Essayez de vous exprimer d'une façon différente. Par exemple, au lieu de « Mets ton manteau », vous pourriez lui dire « Voici ton manteau. Laisse-moi t'aider à le mettre ». Ainsi vous ne lui offrez pas l'occasion de s'opposer violemment à un ordre, vous lui faites une proposition.

Angoisse et peur

« Imaginez la situation suivante : vous vous réveillez dans une pièce que vous ne reconnaissez pas. Vous voyez des mains ridées et tachetées sur le couvre-lit, et non pas vos mains jeunes et fermes. Mais ces mains semblent bien attachées à vos bras. C'est très embarrassant. Une femme entre deux âges entre dans la chambre, une tasse de thé à la main. Elle dit : « Bonjour maman. C'est mercredi. C'est la journée où tu vas au foyer de jour. » Vous n'avez qu'une seule fille, elle n'a que dix-sept ans, alors qui est cette femme qui a dépassé la cinquantaine et vous appelle maman ? Et un foyer de jour, qu'est-ce que c'est ? »

Souvent, les personnes atteintes de maladie d'Alzheimer ou de maladies apparentées ont peur et se montrent anxieuses. Cet état peut résulter de nombreuses causes. Les personnes deviennent anxieuses parce qu'elles mélangent des éléments du passé et du présent. Par exemple, une dame est inquiète tous les jours à la même heure pour des enfants qui doivent rentrer de l'école. Des personnes sont effrayées par des hallucinations ou des illusions (voir Hallucinations et délires). Ou bien encore, l'ambiance générale qui règne dans le foyer les rend anxieuses. Une autre cause possible est la vie dans un monde sujet à des changements constants. Il faudra considérer les soucis et les peurs que bien des gens éprouvent, par exemple, à l'égard du futur.

Il n'est malheureusement pas toujours possible de déterminer la cause exacte de la peur ou de l'anxiété. Vous vous affligerez en voyant que la personne dont vous êtes responsable est inquiète ou apeurée. Vous éprouverez un sentiment d'impuissance parce que vous ne savez quoi faire. Mais il n'est pas absolument nécessaire de comprendre la cause de l'angoisse pour donner de l'aide.

Vous pouvez toujours rassurer la personne, vous montrer affectueux à son égard et exprimer votre préoccupation. Vous verrez que vous pouvez également adopter des attitudes qui permettront d'éviter la montée de l'angoisse.

Faire face à l'angoisse et à la peur

Essayez de répondre tant aux sentiments qu'aux paroles
La personne malade peut avoir des difficultés à s'exprimer. Ses paroles ne reflètent pas forcément la cause réelle de l'angoisse ou de la peur. Un exemple : si la personne a l'air inquiète et si elle demande constamment « Combien de temps ? », vous pourrez croire qu'elle veut dire « Combien de temps jusqu'au dîner ? ». Mais cela pourrait tout aussi bien signifier « Tu seras partie pendant combien de temps ? » ou « Pendant combien de temps pourras-tu encore t'occuper de moi ? ». Mieux vous connaissez la personne et mieux vous comprendrez ce qu'elle veut vraiment dire. Mais vous pouvez toujours répondre à l'émotion qu'elle exprime en la rassurant, en lui montrant que vous prenez soin d'elle et que vous ne l'abandonnez pas.

Consultez un médecin
Les médicaments contre l'anxiété sont efficaces, mais il ne faut y recourir que si l'anxiété est vraiment profonde et si toutes les autres options se sont révélées inefficaces. Il reste toujours le problème des effets secondaires qui peuvent se présenter, comme une confusion accrue chez la personne malade.

Soyez rassurant
Si la personne malade semble apeurée ou anxieuse, vous pourrez la rassurer en lui expliquant que vous comprenez ce qu'elle doit ressentir, mais qu'elle n'a aucune raison de s'inquiéter. Si elle ne semble pas comprendre ce que vous lui dites, tenez-lui simplement la main ou entourez-lui les épaules de votre bras. Lorsque la personne voit des hallucinations qui lui font peur, il vaut mieux ne pas prétendre que vous voyez la même chose et ne pas essayer non plus de la convaincre qu'il n'y a rien.

Créez une diversion ou supprimez la source de l'angoisse si vous la connaissez
Si vous réussissez à distraire la personne, elle oubliera peut-être ses peurs et ses angoisses. La cause de ces émotions est souvent difficile à trouver. Mais si vous pensez l'avoir découverte, vous pouvez l'éliminer : enlever un objet de décoration, un tableau, un miroir, réduire le nombre de personnes qui se trouvent dans une pièce, améliorer l'éclairage afin de faire disparaître les ombres, etc. Une autre solution consiste à éloigner la personne de la source de ses troubles.

Prévenir l'angoisse et la peur

Entretenez un environnement stable et respectez une routine
Un environnement et une routine stables permettront probablement à la personne de se sentir plus en sécurité. Si elle ne reconnaît pas toujours les personnes et les lieux qui lui sont familiers, elle pourra ainsi s'accrocher à quelques repères.

Rappelez-vous que la personne malade est sensible à l'ambiance
Même si une personne a des difficultés à communiquer, elle demeure très sensible à l'ambiance qui règne autour d'elle. Une atmosphère tendue favorise un sentiment d'insécurité et met la personne mal à l'aise. Vous ne pouvez garantir une harmonie constante chez vous, et il n'est pas réaliste de prétendre que tout va bien si ce n'est pas le cas. Mais il faut être conscient que la personne sera affectée par l'atmosphère qui règne et qu'il faudra donc la rassurer.

_{(source Alzheimer-europe.org - conseils pour les aidants - 7.06.2007)}